Résumés « Actualités des recherches céramiques »

2. ACTUALITÉ DES RECHERCHES CÉRAMIQUES

– Fabrice BIGOT, Guillaume DUPERRON, Luc LONG : Les trafics commerciaux dans le port d’Arles durant l’époque fl avienne : nouvelles données provenant du « gisement D » du Rhône
Lors de la fouille subaquatique menée à Arles en 2018 sur le « gisement D » de la rive droite du Rhône (dir. L. Long), un sondage profond a permis d’étudier plus de deux mètres de stratigraphie et d’atteindre, pour la première fois sur ce dépotoir portuaire, des couches mises en place au cours du dernier tiers du Ier s. ap. J.-C. L’ensemble céramique issu de la fouille de ce niveau est constitué de 415 individus, dont l’état de conservation est remarquable (très nombreux profils complets).
Cette nouvelle documentation matérielle permet d’appréhender avec précision les échanges commerciaux dans le port d’Arles entre les années 60 et la fin du Ier s. Elle illustre notamment l’ampleur des exportations de vin régional, la basse vallée du Rhône comptant certainement parmi les régions viticoles les plus dynamiques de Méditerranée occidentale à cette époque. L’approvisionnement en huile et en sauces et salaisons de poissons est quant à lui presque exclusivement assuré par la Bétique. Dans le domaine de la vaisselle, les productions régionales sont très largement majoritaires, les importations italiques n’occupant plus qu’une place marginale et celles d’Afrique restant encore très discrètes. Les ateliers rutènes de sigillées fournissent ainsi l’essentiel de la vaisselle de table, tandis que les vases de cuisson proviennent principalement de la vallée du Rhône (marmites et bouilloires à pâte kaolinitique, urnes basses carénées et à col côtelé à pâte sableuse réductrice) et de Provence occidentale. En outre, des ateliers locaux fournissent probablement une grande partie des céramiques à pâte claire.
Par conséquent, l’étude de ce nouveau contexte portuaire met en évidence l’existence durant la période flavienne d’une forte complémentarité entre les diverses importations méditerranéennes et les productions locales et régionales dans l’approvisionnement de la ville d’Arles, et sans doute plus largement dans l’économie de l’ensemble de la basse vallée du Rhône.

– Lucie MOTTA, Séverine BACQUART : La céramique gallo-romaine de la villa de Saint Quentin à Lure (Haute-Saône)
es fouilles conduites en 2023 « Boulevard de Franche-Comté », dans le quartier « Saint Quentin » au sud-ouest de Lure (Haute-Saône), par l’INRAP, sous la responsabilité de Séverine Bacquart, ont notamment révélé une partie de l’espace balnéaire d’une grande villa occupée entre le Ier et la fin du IIIe siècle de notre ère. Les céramiques alors exhumées offrent un lot intéressant et plutôt conséquent – un peu plus de 2600 fragments pour 316 individus estimés strictement selon le nombre de bord après collage (N.M.I.). Elles permettent d’enrichir nos connaissances des faciès locaux et régionaux encore peu maitrisés, notamment en ce qui concerne les céramiques communes. Si l’étude s’est essentiellement concentrée sur les aspects chronologiques et typologiques, une part non négligeable de la réflexion s’est également portée sur les différentes pâtes employées. La communication envisagée aura pour but de présenter à la communauté scientifique les premiers résultats de cette enquête et ainsi de redynamiser les actualités des recherches de la discipline en Franche-Comté.

– Sébastien BARBERAN, Philippe CAYN, Séverine CORBEEL, Benjamin THOMAS : Approvisionnement en céramique et commerce du vin en Uzège sous les Flaviens et les Antonins. Les données de la fouille de l’ancienne gendarmerie à Uzès (Gard)
L’étude du mobilier céramique en circulation à la période flavienne et sous les Antonins dans un quartier de l’agglomération antique d’Uzès (Gard) s’appuie sur 19 ensembles de référence. Ils fournissent 115174 tessons attribués à 2506 individus, soit une part significative du matériel collecté en 2016-2017 sur la fouille de l’ancienne gendarmerie (plus de 60 %) et plus largement un corpus sans équivalent pour cette période en Uzège. Leur analyse permet d’observer la répartition des différents groupes céramiques d’un point à un autre du site afin d’alimenter les discussions relatives aux fonctions des îlots de ce secteur de l’agglomération au Haut-Empire. La vaisselle fine offre également l’opportunité de s’interroger sur les étapes d’abandon du quartier qui serait déserté autour des années 160-170, avant d’être réinvesti à la fin de l’Antiquité. L’étude des céramiques communes recueillies dans ces 19 ensembles montre le rôle majeur des productions à pâte sableuse de mode A ou B, dont les ateliers sont localisés vraisemblablement dans le massif de la Cèze et en Uzège, et leur impact sur l’approvisionnement en céramiques d’origine régionale ou importées. Enfin, les recherches menées autour du matériel amphorique suggèrent l’existence sur le site d’un probable lieu de commerce et de redistribution des marchandises, dédié préférentiellement au vin conditionné dans des amphores gauloises à pâte sableuse du type G. 1 et provenant principalement du nord-est du département du Gard.

– Amélie CORSIEZ : La céramique d’un banquet communautaire et d’un habitat rural à Beaurieux, Les Grèves (Aisne)
Le site de Beaurieux « Les Grèves » se situe dans le territoire antique de la cité des Rèmes, proche de la frontière avec les Suessions, à une trentaine de kilomètres de Soissons et de Reims. Il s’agit d’un établissement rural antique du Ier siècle au début du Ive siècle, en périphérie de la villa de Beaurieux, sondée dans les années 80 par C. Haselgrove et par deux diagnostics en 2011 et 2012 par l’Inrap.
La fouille de ce site a permis de mettre au jour 11683 tessons dont 800 individus et de déterminer quatre horizons chronologiques, allant de la fin du Ier siècle au début du IVe siècle. La première phase d’occupation gallo-romaine (fin du Ier s./début du IIème s. ap. J.-C.) est peu dense : quelques fosses éparses et trois voire quatre fossés. Cette communication s’attachera plus particulièrement à la mettre en lumière à travers une structure atypique, 1191, et quelques autres structures qui peuvent lui être associées. En effet, l’ensemble des études du rapport de fouilles, notamment la céramologie et l’archéozoologie, ont permis d’identifier les restes d’un repas communautaire de grande envergure. La céramique liée au repas communautaire est de grande qualité mais a été retrouvée en petits morceaux, compactés dans une fosse. Les pots à boire en terra nigra ont été estimés à environ 200. Nous nous attacherons à décrire l’ensemble du lot de céramiques liées à ce banquet, tant au niveau typologique que technique, puis nous conclurons par une étude fonctionnelle. La céramique des trois autres horizons, mieux documentés en terme de structures d’habitat, sera évoquée, afin d’ajouter ce site à la connaissance de la partie nord de la cité des Rèmes.

Danielle MAGNAN, Justine MOREAU avec la coll. de Philippe BET : La sigillée de Meaux (Seine-et-Marne) durant le Haut-Empire à travers quelques secteurs de la ville antique
Le but de cet article est de présenter les résultats d’un travail de Master 2 sur la terre sigillée découverte sur différents sites archéologiques de la ville de Meaux, capitale de cité du territoire des Meldes. Après une rapide présentation de la ville antique de Meaux, puis une présentation des gisements étudiées et du mobilier découvert, une deuxième partie montre l’apport de cette étude dans la connaissance de la ville durant le Haut-Empire.

– Marjorie RIOU : Une production de pots horticoles à Vienne (Isère)
Les fouilles menées sur le site du 37 rue Vimaine à Vienne (Isère) ont été réalisées entre les mois de juillet et août 2021 par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Thierry Argant. Elles interviennent dans le cadre du projet de construction d’un ensemble immobilier. Au sein de trois fenêtres de fouille totalisant environ 530 m², les investigations archéologiques ont essentiellement conduit à la mise au jour d’un ensemble sépulcral diversifié daté du Haut-Empire (1er-3e s. ap. J.-C.) ainsi que de la portion d’une voie bordée d’un mur en périphérie sud de la ville antique.
L’étude des céramiques a permis de mettre en évidence une occupation des IIe et IIIe siècles ap. J.-C. Parmi les lots étudiés, il y en a un qui se distingue par sa concentration en pots horticoles datés du second quart du IIe siècle ap. J.-C.

– Armand DESBAT, Cécile BATIGNE, Valérie THIRION-MERLE : Les premiers plats à vernis rouge pompéien à Lyon : gaulois ou italiques ?
Les plats à vernis rouge pompéien apparaissent à Lyon dès les années qui suivent la fondation de la colonie. Il s’agit de plat à lèvre en amande ou carrée avec des pâtes fines de couleur beige, très différentes pâtes campaniennes volcaniques, qui apparaissent un peu plus tard. Une série d’analyses XRF, a été engagée sur ces productions d’aspect très homogène pour vérifier qu’il ne s’agit pas de pâtes calcaires et déterminer s’il s’agit d’imitations gauloises (on connaît notamment une production à Gondole (Puy-de-Dôme)) ou de productions italiques, originaires d’autres régions d’Italie que la Campanie, comme l’Italie du Nord.

– Adrien SARRAZIN avec la coll. de Julien BRUYÈRE : La céramique antique du site La Remise Charles Lejeune à Nanteuil-le-Haudouin (Oise) : un site de frontière ?
En 2022, une fouille préventive a été menée par Julien Bruyère au sud-ouest de Nanteuil-le-Haudouin (Oise), au lieu-dit La Remise Charles Lejeune. Cette opération a permis de mettre en évidence un établissement rural antique.
L’objet de cette communication est de présenter le mobilier céramique, mis au jour au cours de la fouille (NR : 4 831 ; NMI : 525). L’étude a permis de mettre en évidence une occupation du site durant le Haut-Empire, entre la fin du Ier siècle et le milieu du IIIe siècle apr. J.-C.
Durant l’Antiquité, Nanteuil-le-Haudouin se situait à la fois à la limite entre les territoires meldes et sulbanectes mais également à la frontière entre la Gaule Lyonnaise et la Gaule Belgique. Le lot céramique étudié traduit bien cette position frontalière. En effet, le corpus livre des productions typiques du Bassin parisien (telles que les amphores parisii de la rue des Lombards, à Paris) mais également des productions de céramique commune sombre à pâte sableuse meldes. Par ailleurs, la céramique consommée sur le site provient également d’officines se situant au sein de civitates de Gaule Belgique (atelier de Cuts, de Saint-Sauveur, de Rainvilliers ou encore de Noyon). Il semblerait aussi que cette zone constitue la limite septentrionale de la diffusion des productions de céramique métallescente de Jaulges et Villiers-Vineux (Bourgogne).
Cet établissement rural est donc un site de consommation dont l’intérêt émane à la fois de sa localisation à proximité de la frontière entre Meldes et Sulbanectes, de la grande diversité des productions découvertes et de leurs origines multiples.

– Julie FLAHAUT, Anthony LEDAUPHIN, Victor VIQUESNEL-SCHLOSSER, Richard DELAGE, Lydie BLONDIAU, Pierre-Yves GROCH : L’approvisionnement céramique de trois établissements ruraux de la civitas ambianorum (Ier-IVe s.) : Méaulte, Mouflers et Salouël (Somme)
Cette communication propose la synthèse de la céramique issue de trois fouilles récentes menées par l’Inrap à Salouël (2010 et 2018, “Chemin des Ruelles” dirigées par Laurent Duvette et Pierre-Yves Groch), Méaulte (2017/2019 “Zac des Coquelicots 2, site 19” dirigées par Lydie Blondieau) et Mouflers (2021, “Zac des Hauts Plateaux” dirigées par Pierre Yves Groch), trois établissement ruraux situés dans la civitates ambianorum.
Le corpus s’élève à plus de 30 000 restes et renseigne les évolutions de l’approvisionnement durant toute l’Antiquité. La présentation organisée en quatre périodes permettra d’analyser en détail ces évolutions sur des sites au statut comparable. Cette approche inédite dans la région, sera mise en perspective avec les données déjà publiées.

– Jean-Marc SÉGUIER, Richard DELAGE : Caractères et singularités du faciès céramique de Meaux (Seine-et-Marne) au IIIe s. apr. J.-C.
On se propose d’établir un état des lieux sur la céramique des contextes domestiques du IIIe s. de l’agglomération de Meaux, chef-lieu de cité de la Lyonnaise situé sur la Marne et à un carrefour de routes antiques. Cette synthèse est fondée sur la prise en compte des mobiliers découverts lors de la réalisation d’une demi-douzaine d’opérations d’archéologie préventive conduites depuis 2010 dans la boucle de la Marne, à l’exclusion de secteurs non renseignés ou mal connus (intérieur du castrum) ou de ceux dont les données ne nous sont pas accessibles (sanctuaire périurbain de La Bauve et ses abords).
La céramique, qui couvre en réalité une plage de temps comprise entre l’extrême fin du IIe s. et la première décade du IVe s., est abondante et diversifiée et constitue un important référentiel au plan régional et au-delà. La synthèse, associée à un catalogue illustrant les assemblages les plus pertinents, aura pour objectif de définir le faciès des productions locales et régionales (cadre typologique, approvisionnements), ainsi que celui des vaisselles fines, communes et amphores parvenues à Meaux via le commerce à moyenne et longue distance.
On tentera d’identifier certains assemblages singuliers traduisant des activités spécifiques (commerce, artisanat, consommation collective…). Les résultats de cette étude seront confrontés à ce que l’on sait des faciès des cités limitrophes.

– Pauline GOHIER, Cécile BÉBIEN-DABEK, Audrey HABASQUE-SUDOUR : La céramique tardo-antique de la nécropole de Marlenheim-Furdenheim (Haut-Rhin). Continuité et évolution des productions régionales entre la fin du IIIe s. et le début du IVe s.
L’étude céramologique de la nécropole de Marlenheim-Furdenheim a mis en évidence une occupation comprise entre la seconde moitié du Ier siècle et le début du IVe siècle. Une vingtaine de sépultures à crémation a été datée par leur mobilier céramique entre la fin du IIIe siècle et le début du IVe siècle. L’ensemble des céramiques (vases ossuaires ou vases d’accompagnement) est divisé en deux grandes catégories essentiellement composées de gobelets en céramiques fumigée lissée (ou terra nigra tardive) et de cruches de grandes dimensions en céramiques communes à pâte claire. Ces catégories de céramiques – associées à cette datation – sont relativement peu fréquentes en Alsace et peu documentées. Une publication du vaisselier de cette partie de la nécropole semble donc nécessaire afin d’apporter une documentation scientifique supplémentaire sur cette période de transition. Cette publication sera complétée par une comparaison et une mise en perspective des céramiques mises au jour dans des contextes contemporains de la région. Cela permettra d’établir un nouveau référentiel pour cette période et éventuellement de mettre en évidence l’existence d’une nouvelle production- ou d’une continuité de production – d’ateliers de potiers locaux, notamment à Brumath jusqu’au début du IVe siècle.

– Marjorie RIOU : L’Antiquité tardive en Auvergne : l’exemple du site de Saint-Ignat (Puy-de-Dôme)
Les fouilles menées sur le site de NZA 1000 – La Fade à Saint Ignat (63) ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Simon Lemaître sur près de 25 000 m². Elles intervenaient dans le cadre du projet d’aménagement d’un bâtiment industriel par Limagrain ingrédients. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour un peu plus de 1000 structures archéologiques témoignant de différentes occupations depuis l’âge du Bronze moyen jusqu’au Moyen Âge.
Les vestiges qui se rattachent à l’Antiquité couvrent une période assez longue qui s’étend du Ier s. au IVe siècle de notre ère. Ils sont de nature assez variés : puits, structures maçonnées, marre, trous de poteau, four culinaire, foyer, fosse, etc. et se concentrent principalement dans la moitié sud de l’emprise de fouille. Nous mentionnerons aussi la présence d’un petit secteur funéraire qui regroupe quelques inhumations d’immatures. L’ensemble correspond à une occupation rurale assez atypique pour l’Antiquité. Ce type de site est assez mal connu en Limagne et le site de La Fade apportera donc vraisemblablement des données nouvelles sur l’occupation du terroir auvergnat antique, notamment pour l’Antiquité tardive où un lot de céramiques assez conséquent est sorti pour cette période, principalement pour le IVe siècle ap. J.-C.

– Pierre PERRICHON, Jérémie VIRET : État des productions des Ier et IIe s. de l’atelier des Grandes-Filles-Dieu (Chartres, Eure-et-Loir) : nouvelles découvertes au Clos Vert
En 2021, le diagnostic du Clos-Vert a permis d’aborder la zone de cuisson de l’atelier potier gallo-romain dit des Grandes-Filles-Dieu. Plusieurs fours et contextes de rejet de ratés de cuisson ont pu être mis en évidence. Cette découverte complète notre compréhension de l’officine, même s’il restera beaucoup d’éléments à mettre au jour lors d’une potentielle fouille à venir. La partie de l’atelier comprenant les installations de tournage et de séchage a déjà fait l’objet d’une fouille et d’une publication. Cependant, elle ne permettait pas d’appréhender les productions de cet atelier de potier. Une partie des observations d’alors sur la production de cet atelier sont confirmées. Cependant, les dernières découvertes apportent plusieurs révisions à cet examen fait en 1993 à l’occasion du congrès de Versailles. L’utilisation du diagnostic comme un outil de recherche et de prospective a porté ses fruits et offre quelques corrections aux phases de production, qui s’avèrent plus complexes. Une production plus ancienne peut même être envisagée, comme le suggérait l’analyse de la zone de tournage. La quantité de ratés de cuissons mise au jour est considérable. Plusieurs lots de raté de cuisson sont issus des fours abandonnés, mais la majorité sont rejetés au flanc du coteau en rive droite de l’Eure à proximité des fours de l’officine. Ce dépôt est impressionnant, il s’étale sur une grande surface et son épaisseur complète n’a pu être mise en évidence lors du diagnostic.

– Elisabeth AFONSO-LOPES, Anne BOCQUET-LIÉNARD, Dimitri BOUTTEAU, Gilles FRONTEAU, Vincent MERKENBREACK :  Un atelier de potiers antique à Thérouanne, Chaussée Brunehaut (Pas-de-Calais) : une production de céramiques communes grises et claires
Un atelier de potiers, daté du Haut-Empire, a été étudié à l’occasion d’une fouille préventive à Thérouanne au n° 24 de la chaussée Brunehaut, au lieu-dit la Râperie en 2020. Trois fours de potiers romains ont été ainsi mis au jour. Ils sont situés en bordure de la voie romaine principale menant d’Arras à Boulogne-sur-Mer via Thérouanne. Il s’agit des premières structures artisanales de production de céramiques qui ont été découvertes sur le territoire de la capitale des Morins. Deux types de fours ont été identifiés avec d’une part deux fours à double volume et d’autre part un four à simple volume. La production de l’officine a été caractérisée à partir de rejets. Deux catégories de céramique ont été identifiées : la commune claire et la commune grise. Une étude pétrographique et une caractérisation physico-chimique ont été réalisées. L’étude pétrographique montre des pâtes assez typiques des ateliers du nord de la Gaule avec une matrice argileuse et limoneuse, peu micacée, complétée par des ajouts de sables fins à moyens, où les quartz dominent les rares autres minéralogies (grains de silex, rares quartz polycristallins et feldspaths). Ces observations sont corrélées avec la signature chimique qui est similaire pour les deux catégories de céramiques, plus de 70 % d’oxyde de silicium, 5,5 % d’oxyde de fer et 1,5 % d’oxyde de magnésium en moyenne.

POSTERS

— Bruno BAZIN, Pierre PERRICHON, Jonathan SIMON : Productions céramiques issues de l’atelier de la rue Vintant(Chartres, Eure-et-Loir)
En Décembre 2016, lors d’une réfection de la rue de Vintant à Chartres, un atelier de potier d’époque gallo-romaine a partiellement été mis en évidence. À cette occasion, un four en partie entaillé par une canalisation a été mis au jour ainsi qu’un corpus d’une partie de la production. Le secteur renvoie à une occupation mêlant habitats en construction légère et artisanats (verre, métallurgie, tissage…). Le four a livré un petit corpus mêlant rejets de céramiques domestiques et ratés de cuisson. Ces derniers renvoient à des productions à pâte claire correspondant à des amphores. L’emplacement de cet atelier a une double importance. Il démontre une fois de plus, à l’instar de la découverte de l’officine de la rue du Quatorze-Juillet, que l’activité potière n’est pas principalement rassemblée à l’est de la ville, sur la rive droite de l’Eure. L’activité potière, idéalement implanté en marge de l’urbanisation, marque également la fin de la ville et la limite entre celle-ci et le suburbium du sanctuaire…

– Christine BONNET, Richard DELAGE : Premiers éléments pour la connaissance de la céramique du Haut-Rhône entre Jura et Alpes (Ier s. av.-IVe s. apr. J.-C.) : les fouilles récentes de Belley dans l’Ain (Clos de L’Évêché et Îlot Vieille Porte) et Seyssel en Haute-Savoie (Hameau de Vens)
La fouille en 2008 du site du Hameau de Vens à Seyssel (Haute-Savoie) (Inrap, Ferber 2008) a livré du mobilier daté de l’époque laténienne à la fin du IIe s. Et c’est en 2009; puis un peu plus tard en 2020, que les fouilles du Clos de l’Evêché (Ferber 2009), puis de l’Ilôt Vieille Porte à Belley (Ain) (Inrap, Goy 2020) ont permis d’avoir des données supplémentaires sur ce secteur du Haut-Rhône mais à une trentaine de kms au sud. Ces sites se développent sur un itinéraire stratégique entre Jura et Alpes, sur les deux rives du Rhône entre Lyon et Genève, Seyssel étant de plus un point de rupture de charge pour les bateaux remontant le fleuve. À Belley, la céramique antique couvre la période entre La Tène finale et le IVe s. Hormis quelques publications concernant la production de céramiques tardives à revêtement argileux dite Luisante de Portout en Savoie (Pernon, Pernon 1990), la céramique d’Annecy avec deux articles dans la Sfecag de 2003 (Serralongue 2003, André 2003) et le chapitre d’un DARA (Bonnet 2015), le faciès des céramiques de ce secteur entre Jura et Alpes est peu connu. Ce projet de poster qui présente la céramique de trois sites installés sur les rives du Rhône, sur une période comprise entre La Tène finale et le IVe s., permettrait de poser les premiers jalons des faciès céramiques locaux et de leur évolution.

– Paul TYERS, Jane TIMBY : Un inventaire de l’« Aquitanian terra nigra » dans le sud-ouest de la Grande-Bretagne
Le poster présente des informations sur une classe rare de poterie de type « terra nigra » qui a été identifiée sur plusieurs sites du sud-ouest de la Grande-Bretagne.
Il a reçu de nombreuses appellations dans les publications, notamment « Aquitanian terra nigra », ou « western terra nigra », et se distingue tant par ses formes que par ses pâtes des productions de la Gallia Belgica et de la Gaule centrale.
Les premiers exemples de cette classe ont été identifiés sur des sites datant d’avant la conquête romaine – c’est-à-dire la période augustéenne-tibérienne – bien qu’une certaine importation ait pu se poursuivre jusqu’à la période néronienne (au moins).
Une analyse pétrologique limitée dans les années 1980 a permis d’identifier des liens entre certains de ces vaisselles et des sites de production dans la région de Saintes, même si cela ne s’applique peut-être pas à l’ensemble du groupe, qui peut être d’origine plus diversifiée.
Le poster résumera nos connaissances actuelles sur ce groupe et proposera des sujets d’étude à l’avenir.

– Delphine CHAMPEAUX, Romain PANSIOT : Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), 63 rue Garibaldi. Intrication des mondes funéraire et domestique à la fin du IIe s. et au début du IIIe s.
La fouille réalisée à Chalon-sur-Saône (71) en juin 2020 et dirigé par Romain Pansiot (Éveha) a permis la découverte d’un secteur périphérique de l’antique Cabillonum. La répartition chronologique des mobiliers montre une fréquentation du site de l’indépendance gauloise jusqu’à nos jours. La période durant laquelle l’activité semble la plus intense sur le site même ou à proximité immédiate, est à situer durant le IIe siècle jusqu’au début du IIIe siècle de notre ère. Ce sont les ensembles de cette période que nous proposons de présenter dans ce poster. Ces ensembles sont de nature différente, le premier en lien avec le monde des morts, le second en lien avec le monde des vivants.
La présentation du premier ensemble permet d’aborder les problématiques relatives à l’évolution de la nécropole de la citadelle fouillée en sauvetage en 1975-76 par M. Augros et L. Bonnamour. La récente reprise des données céramiques anciennes par C. Malagoli pour un article de synthèse sur les assemblages funéraires du Val de Saône en 2016 pour la Sfecag d’Autun, a permis de faire le point sur les assemblages du Ier siècle et du début du IIe siècle ap. J.-C. Ainsi, ce petit lot vient compléter les données en poursuivant la chronologie.
Le second ensemble offre une présentation du mobilier de consommation domestique en position détritique. Il permettra la publication d’un rare ensemble de mobilier céramique en contexte urbain, données qui font largement défaut dans ce secteur connu à travers les ateliers et les sites ruraux. L’analyse de ces mobiliers met en évidence deux occupations de nature distincte dans un espace assez restreint, mais synchrone. Il s’agit d’une part d’un espace à vocation funéraire, ce qui suscite un ensemble d’interrogations. La chronologie mise en évidence dans le lot que nous avons étudié ici permettrait alors d’en allonger la phase d’utilisation. Jusqu’à la publication récente de D. Barthèlemy et Cl. Malagoli son fonctionnement semblait s’arrêter aux années 120 ap. J.-C. (Barthèlemy, Malagoli 2016). La découverte de niveaux détritiques de la même période, mais présentant des faciès de consommation domestique, permet d’évoquer la présence relativement proche d’un habitat. Cet indice pourrait suggérer une proximité entre monde des vivants et des morts. L’absence de structures d’habitat laisse envisager la possibilité d’avoir affaire à une zone de décharge. L’intrication entre le monde funéraire et les zones de rejets ou de déchetteries a été mise en évidence à Autun. Hors les murs, ce phénomène apparaît à l’époque flavienne et fonctionne jusqu’au milieu du IIIe s. par exemple (Kasprzyk, Labaune 2003).

– Macarena BUSTAMANTE-ÁLVAREZ, David GORDILLO : Nouvelles données sur la production de céramiques dans la région Tierra de Barros et son environnement (Estrémadure, Espagne)
L’actualité concernant la production de céramique de l’époque romaine dans la région de “Tierra de Barros” (Badajoz, Spagne) est présentée. L’importance de cette zone réside dans son riche substrat argileux, ce qui fait que sa toponymie actuelle fait même référence à la production de céramique. De même, il est important d’évaluer ses relations avec d’importantes cités hispano-romaines telles que Augusta Emerita (Mérida, Badajoz) ou Contributa Iulia (Medina de las Torres, Badajoz).
Cette oeuvre présente un ensemble complet de figlinae de la haute et moyenne période impériale. Outre l’analyse des différents complexes potiers, nous évaluons leur production et le réseau commercial.

– Allard MEES, Florian THIERY, Anja CRAMER, Luc de FÉRAUDY : Moules et moulages. Acquisition de connaissances basées sur des règles concernant les liens entre potiers, en utilisant les taux de retrait entre les poinçons originaux de sigillée et leurs moulages/surmoulage
Un moule de sigillée et un vase fabriqué dans ce moule ont été trouvés dans l’atelier de production de sigillée de Toulon-sur-Allier.
Dans le cadre de recherches antérieures, les poinçons utilisés dans les moules ont été comparés entre eux afin d’identifier leurs différences. Ces expériences ont montré que le séchage cause un taux de rétrécissement d’environ 10 % entre l’empreinte originale du poinçon et chaque surmoulage. Si des surmoulages ont été utilisés par d’autres potiers, il est alors possible d’acquérir des informations sur les liens entre les potiers.
Pour vérifier notre hypothèse selon laquelle ce facteur de rétrécissement s’applique également aux vases et à leurs moules, les deux objets de Toulon-sur-Allier ont été modélisés en 3D et le facteur de rétrécissement a été déterminé. Le résultat a été intégré dans un modèle sémantique (ontologie) dans l’ « Academic Meta Tool » (AMT) basé sur le web, qui inclut ce taux de retrait comme « degré de connexion « entre potier. Ainsi AMT fournit un raisonnement basé sur des règles pour acquérir de nouvelles connaissances sur les réseaux de potiers selon les principes FAIR (Faciles-Accessibles-Interopérables-Réutilisables) et reproductibilité.

– Amélie CORSIEZ, Sylvain ROBELOT : La céramique du site de Templeuve-en-Pévèle, chemin de la Campagnette (Nord) : un nouveau contexte ménapien
En 2015 eut lieu la fouille du site de Templeuve-en-Pévèle » Chemin de la Campagnette », préalablement à la construction d’un lotissement. Il se situe dans la partie la plus méridionale de la cité des Ménapiens, dans une zone de contact entre les cités des Atrébates à l’ouest et au sud la cité des Nerviens. Cet espace inclut, dans sa partie sud, les terroirs actuels du Mélantois et de la Pévèle, où se situe notre site.
Trois périodes d’occupation ont été identifiées par l’étude de la céramique, adossée à la stratigraphie, s’étalant entre le milieu du Ier siècle et la deuxième moitié du IIe siècle. En tout 5079 tessons dont 469 individus ont été mis au jour.
Au milieu du Ier siècle après J.-C. (40-70), les comblement de cinq fossés ont livré de la céramique pour un total de 923 tessons dont 64 individus. La découverte originale de cet ensemble est un bord de gobelet Hofheim 81A à paroi fine de Cologne, plutôt rare en Gaule Belgique. Nous pouvons lui ajouter un bord de jatte avec un graffito sur le col : VA.
La deuxième phase d’occupation est notamment caractérisée par un bâtiment sur poteaux. Un total de 409 tessons dont 39 individus est associé à son abandon, pour une datation entre 65/70 et 85/90 ap. J.-C. Bien que le lot soit réduit, la typologie et la stratigraphie permettent de borner la datation de l’horizon site précédent.
Durant la troisième phase est implanté un bâtiment rectangulaire à fondations en nodules de calcaire, presque totalement pillées. L’horizon site d’abandon de cette phase est daté de la deuxième moitié du IIe siècle. La céramique, d’un total de 2498 tessons pour 304 individus, s’insère dans le faciès local avec toutefois un lot de terre sigillée assez important, ayant livré entre autres deux estampilles appartenant aux potiers Paulus IV et Caratus. Deux fragments de mortiers étaient estampillés au nom de Brariatus.
La céramique montre dans son ensemble une évolution fonctionnelle, visible lors du passage de l’habitat sur poteau à l’habitat sur fondations en dur, avec un faciès qui semble davantage romanisé, tout en conservant une large part du faciès local ménapien en vigueur depuis le Ier siècle. Bien que modeste, le lot de céramique du site de Templeuve, « Chemin de la Campagnette », a le mérite de mettre en lumière un nouveau contexte au sein de la zone méridionale de la cité des Ménapiens. Son corpus varié contribue un peu plus à la connaissance du faciès local et de la chronologie régionale.

– Baptiste SALLES, Laurent FOURNIER : La céramique d’un grand établissement rural dans la périphérie de Bourges/Avaricum (Cher) : Fussy, Le Pré de la Feularde/Le Champ Chapois
Le sujet porte sur un ensemble céramique provenant de la pars rustica d’une villa gallo-romaine à Fussy, dans la périphérie de Bourges-Avaricum. Connue depuis le XIXe s., grâce à deux campagnes de fouille engagées en 1846/1851 puis en 1868 par M. Berry, elle a fait l’objet d’une fouille en 2022 sous la direction de L. Fournier (Inrap). Occupé depuis le début de l’Antiquité, c’est au cours de la période tardo-antique que cet établissement connaît sa plus grande extension.
La majorité du corpus étudié provient de l’abandon d’un aménagement hydraulique fossoyé dont au moins trois états ont été identifiés. Les assemblages céramiques provenant de ses comblements illustrent l’ensemble du vaisselier et de son évolution du Haut-Empire jusqu’à l’Antiquité tardive (Ier s.-IVe s.). Cette dernière est particulièrement bien représentée sur le site, tant en terme de proportions que de diversité, en comparaison d’autres contextes berruyers.

– Charlotte DEFER, Martine JOLY : À propos d’un vase à visage trouvé à Bibracte (Mont Beuvray, Saône-et-Loire)
La fouille menée, sous la direction de Charlotte Defer, sur une des maisons aristocratiques de l’oppidum de Bibracte (domus PC2) a permis de mettre au jour des ensembles de céramiques provenant des niveaux d’occupation précoces, antérieurs à la construction des maisons augustéennes de plan italique (domus à péristyle). Ces occupations domestiques sont datées, d’après l’étude céramologique de S. Barrier, de La Tène D2a (1ère moitié du Ier s. av. J.-C.). L’une des fosses fouillées en 2023 a livré un fragment de « vase à visage » particulier. Si l’origine italique de ce récipient apparaît évidente, aucune comparaison n’a pu être trouvée à ce jour. Le poster a donc pour objectif de présenter cette découverte aux céramologues de la SFECAG dans l’espoir que l’un d’entre eux ait déjà rencontré ce type de production.

– Lucien RIVET, Sylvie SAULNIER : La chronologie des premières sigillées italiques, de -50 à -15
Retour sur la chronologie des premières productions de sigillées italiques à partir des données du site de la Butte Saint-Antoine à Fréjus (Var) et des mobiliers des épaves.