Jacques LASFARGUES (1944-2022)

 

Congrès de Lezoux 1989
Sfécag, Congrès de Lezoux, 1989

Jacques Lasfargues, né le 26 décembre 1944, est décédé le 25 décembre 2022.

Son empreinte dans l’archéologie lyonnaise, puis régionale et nationale, avec des responsabilités liées à ses nominations à divers postes qui lui permettront d’impulser des orientations archéologiques fondatrices, est immense et impose un potentiel de rétrospectives et de témoignages d’ampleur qui incombent à d’autres plumes.

Mais qui osera et saura trouver les mots et l’élégance pour évoquer les reflets de son caractère si original où se mêlent la culture du monde antique et ses succès dans les combats contre les promoteurs immobiliers et autres « aménageurs », non contraints alors par une loi sur la prise en compte des vestiges, et ses excès grandioses dans lesquels il savait entraîner ses amis et collègues à la moindre occasion. Car ses manières de vivre sont inséparables de l’œuvre de ce personnage hors normes : une figure.

Jeune étudiant en Histoire, il plonge dans la céramologie en participant, en 1966, à la fouille « d’urgence », ou de « sauvetage », de l’atelier de La Muette, aux conséquences scientifiques éloquentes pour les connaissances sur les sigillées et les gobelets d’Aco de cette succursale italienne et qui débouche sur des publications rapides ; d’autres études de mobiliers s’intercaleront :
– Lasfargues (J.), Vertet (H.), Les frises supérieures des gobelets lyonnais du type Aco, Revue archéologique du Centre, VI, 3, 1967, p. 272-275.
– Vertet (H.), Lasfargues (A. et J.), Observations sur les gobelets d’Aco de l’atelier de La Muette (Lyon), Revue archéologique du Centre, VII, 1,? 1968, p. 35-44.
– Lasfargues (J.), Picon (M.), Audin (A.), Ateliers artisanaux de La Sarra, Revue archéologique de l’Est, 1970, p. 219-220.
– Lasfargues (A. et J.), Les gobelets à parois fines de La Muette, Revue archéologique du Centre, XXI, 1-2, 1970, p. 222-224.
– Lasfargues (J. et A.), Poncet (J.), Vertet (H.), Découverte de deux fragments de gobelets à parois fines, décorés, à Roanne, Revue archéologique de l’Est, 1970, p. 221-222.
– Lasfargues (J.), Une industrie lyonnaise, Archeologia, 50, 1972, p. 15-19.
– Vertet (H.), Lasfargues (A. et J.), Remarques sur les filiales des ateliers de la vallée du Pô à Lyon et dans la vallée de l’Allier, dans I problemi della ceramica romana di Ravenna, della Valle padana et dell’alto Adriatico, Atti del convegno internazionale, Ravenna, 10-12 maggio 1969, Bologne, Arnaldo Formi ed., 1972, p. 273-282 (dessins J. Lasfargues).
– Lasfargues (J.), Groupe d’Étude de la Céramique Antique en Gaule (GECAG), Colloque de Lyon-Vienne, 24, 25, 26 mars 1972, Revue archéologique du Centre de la France, 12, fasc. 3-4, 1973. p. 335-338.
– Lasfargues (J.), Les ateliers de potiers lyonnais, étude topographique, Mélanges d’archéologie et d’histoire ancienne lyonnaises à la mémoire d’Adrien Bruhl, Revue archéologique du Centre, XXV, 1, 1973, p. 525-535.
– Picon (M.), Lasfargues (J.), Transfert de moules entre les ateliers d’Arezzo et ceux de Lyon, Mélanges d’archéologie et d’histoire ancienne lyonnaises à la mémoire d’Adrien Bruhl, Revue archéologique de l’Est, XXV, 1,1974, p. 61-69.
– Lasfargues (J.), Les estampilles sur sigillée lisse de l’atelier augustéen de La Muette, Figlina, 1, 1976, p. 38-88.
– Von Schnurbein (S.), avec contributions de Lasfarges (J.) et Picon (M.), Die Unverzierte Terra Sigillata aus Haltern, Münster, Aschendorff, 1982 (Bodenaltertümer Westfalens, 19), 2 vol.
– Lasfargues (A. et J.), Vertet (H.), L’atelier de potiers augustéen de La Muette à Lyon, la fouille de sauvetage de 1966, Notes d’Épigraphie et d’Archéologie Lyonnaise, 5, Lyon, 1976, p. 61-80.
– Desbat (A.), Genin (M.) et Lasfargues (J.) (dir.), Les productions des ateliers de potiers antiques de Lyon, Gallia, 53,? 1996.

Dans cet univers des fouilles qu’il brasse et retourne pour atteindre des objectifs au bénéfice de la recherche et des résultats de terrain, son implication dans la Sfécag pourrait presque paraître secondaire. En 1973, suite à des échanges avec Jean-Jacques Hatt, alors président, et sans doute avec d’autres, le Gécag se transforme en Sfécag lors du congrès de Lyon-Vienne ; à cette occasion, Jacques Lasfargues devient Secrétaire Général. On passe d’un groupe de spécialistes en céramiques qui se réunissent entre eux une fois par an sur des sujets bien précis, généralement sur les productions dites de luxe (sigillées et autres), à une association offrant une tribune ouverte à tous les chercheurs tout en élargissant le champ des études à d’autres types de pots, sans distinction ni d’origine ni de couleur. Il occupe cette fonction jusqu’en 1978 et organise les premières rencontres annuelles d’un nouveau genre (1974 : Néris-les-Bains-Montluçon ; 1975 : Millau ; 1976 : Saintes ; 1977 : Nice ; 1978 : Strasbourg), y compris le congrès de Lyon, en 1979.

Il garde un regard bienveillant pour la Sfécag. Ainsi, en 2003, il organise avec Odile Leblanc le congrès de Saint-Romain-en-Gal et ceux qui y étaient présents se souviennent d’un accueil de très grande classe. Du Jacques Lasfargues, quoi.

Toutes les expositions dont tu as été le maître d’œuvre ont été des réussites – souviens-toi, Post-Mortem, l’apothéose, parallèlement à ton départ à la retraite – mais quand vient l’heure de te quitter, quelle tristesse !

Lucien RIVET, Président de la Sfécag
(29 décembre 2022)