2. ACTUALITÉ DES RECHERCHES CÉRAMIQUES
— Amélie CORSIEZ, Sylvain ROBELOT: Des potiers et des potières à Ostricourt (Nord) : présentation des fours et de leur production
En 2021 la Direction de l’archéologie préventive de Douaisi Agglo a fouillé un atelier de production potière à Ostricourt (Pas-de-Calais). Durant cette opération, 21 fours furent mis au jour accompagnés de plusieurs tessonnières.
Deux phases de production ont été identifiées, une première de la fin du Ier siècle et la seconde de la deuxième moitié du IIe siècle. La première est marquée par cinq unités de production repérées au sud-est de l’aire investiguée. Les neuf fours qui les composent se répartissent au sein d’espaces indépendants les uns des autres, délimités par d’étroits fossés, parallèles entre. Le même phénomène de compartimentation est aussi identifié dans la zone sud-ouest, où aucun four n’est identifié, au contraire de fosses qui participeraient ensemble au processus de transformation de la pâte. Les catégories produites alors sont la terra nigra, la céramique rugueuse sombre, la céramique modelée et la céramique commune claire. La typologie s’inscrit dans sa grande majorité dans le répertoire local.
Par la suite, l’atelier de potiers s’agrandit et évolue avec une production centrée sur la céramique commune claire. Les systèmes fossoyés qui organisaient la répartition des activités par zones sont abandonnés. De nouvelles unités de production sont créées avec des fours qui ont des dimensions qu’aucun de leurs prédécesseurs n’avait atteint (six en tout, pour douze fours), regroupant cette fois plusieurs des fosses qui participent au processus de transformation de la terre à cuire.
La communication aura pour but de présenter les structures de cuisson et leur production associée par phase. Les pâtes de la céramique appartiennent au groupe de Dourges pour lequel nous pouvons ainsi apporter une mise à jour de la typologie et de la diffusion. Enfin, l’analyse des impressions digitées au niveau des anses d’un type de cruche en particulier permettra d’évoquer l’organisation du travail au sein de l’atelier.
— Elisabeth AFONSO-LOPES, Dimitri BOUTTEAU, Vincent MERKENBREACK, Justine CADART : Une nouvelle officine de potiers antique au sein de l’antique Tervanna, à Saint-Augustin (Pas-de-Calais)
Un nouvel atelier de potiers, daté du Haut-Empire, a été découvert à l’occasion d’une fouille préventive dans les faubourgs de la ville de Thérouanne. Cette officine comprend tout d’abord un bâtiment mesurant 20 m de long sur 8 m de large, doté de deux pièces. La plus petite renferme le long des murs six fosses de tours de potier au sein desquelles on peut observer des couches d’argile plastique et où nous avons découvert des outils de potier et, notamment, un tournassin en silex ainsi que deux haches polies. En périphérie du bâtiment, un unique four à double volumes a été mis au jour. La production de l’officine a été caractérisée à partir de quelques rejets de cuisson. Il s’agit d’une production de céramique commune claire. La couleur de la pâte varie du rosâtre au orange rougeâtre clair et elle est parfois blanche. La pâte est finement sableuse, et savonneuse parfois au toucher. Les rares formes reconnues sont la cruche à une anse à col cannelé et le bol à collerette tombante avec ou sans bec verseur et avec ou sans revêtement à la surface.
— Pierre MATHELART : Une production particulière du flanc méridional du massif ardennais : les grandes cruches et pots à provision du groupe de pâtes de « Ville-sur-Lumes »
En 1997, lors de l’étude du mobilier céramique de l’agglomération antique de Ville-sur-Lumes, X. Deru a décrit une large gamme de cruches, grandes cruches et pots de provision rattachés à un groupe spécifique de pâtes (Rollet, Deru 2005). Depuis, les fouilles préventives menées dans le nord des départements de l’Aisne et des Ardennes, ainsi que celles réalisées à Reims et dans ses environs, ont permis de mieux définir les caractéristiques de cette production (Mathelart 2018, Mathelart, Corsiez à paraître). Ce corpus se distingue par la prédominance de cruches bi-ansées de grand format, particulièrement abondantes dans la seconde moitié du IIIᵉ siècle (Mathelart, Florent 2016). Les découvertes ardennaises ont également révélé des récipients plus spécifiques, comme de grandes jarres destinées au stockage de liquides. Ces productions se singularisent par leur palette de couleurs, allant du crème à l’ocre pâle, et par une pâte à matrice argileuse fine contenant des vestiges de foraminifères, qui rappellent les caractéristiques des céramiques dites « savonneuses » (Deru, Vachard 2002). On y trouve également des inclusions de quartz opaques et rosés, rapprochant ce groupe des productions de Bavay/Famars (Willems 2005). Ces dernières caractéristiques ont parfois conduit certains chercheurs non-initiés à confondre ces productions ardennaises avec des artefacts d’origine plus septentrionale.
Cette communication propose de faire le point sur ce groupe de productions. Elle s’intéressera à leur caractérisation technique, à leurs spécificités pétrographiques, ainsi qu’au répertoire de formes identifié. Si certains indices, comme la forme des objets, leur contexte de découverte ou encore les traces épigraphiques, permettent de confirmer sans équivoque la fonction d’une partie de ce répertoire, le cas des grandes cruches mérite une attention particulière. Leur abondance à Reims au cours de la seconde moitié du IIIᵉ siècle suggère qu’elles étaient commercialisées pour leur contenu, bien que la nature de celui-ci reste inconnue. Ce type principal a d’ailleurs été identifié par F. Hanut comme une amphore régionale mosselane II (Hanut 2001).
La présentation s’inscrira dans un format de 15 minutes. La publication associée prendra la forme d’un tapuscrit de 5 à 6 pages, enrichi de 4 à 5 planches, incluant une planche photographique des pâtes, une autre de lames minces, ainsi qu’une à deux illustrations photographiques des grandes cruches.
— Théo GUYARD : Étude de la production de l’atelier de Conjux (Savoie) : céramiques sigillées claires luisantes
Au nord du lac du Bourget, le site de Conjux, voisin de celui de Portout, a fait l’objet de fouilles de 1974 à 1981. La présence d’un dépotoir de céramiques fines dites « Luisantes » accompagnées de moutons de cuissons et de tessons difformes indique la présence d’un atelier de potier. Ce sont 44 000 tessons qui sont découverts, mais sans faire l’objet d’une étude exhaustive. Cet article présente l’étude des 1165 restes conservés : bords, fonds, panses décorées ; le reste ayant été l’objet d’un tri à la suite de la fouille puis détruit.
La production est dominée par les gobelets/tasses, les coupes et les coupelles. Viennent ensuite dans une moindre mesure les mortiers et les cruches. Leur typologie s’insère dans celle des productions de Portout, datée de la première moitié du Ve siècle, voire du deuxième quart de ce siècle. Toutefois, la présence de la tasse P. 36 uniquement produite Portout et Conjux au sein d’assemblages céramiques datés à partir du milieu du IVe siècle en région lyonnaise invite à interroger la datation des Luisantes.
— Céline BARTHÉLEMY-SYLVAND, Delphine BÉRANGER : Les amphores du site des Marlet à Serrières (Ardèche)
Les amphores du site de Serrières constituent un lot exceptionnel à plusieurs points de vue. D’abord, par le cas du réemploi de ces récipients en vide sanitaire. Ensuite, par la diversité du matériel rencontré, révélateur d’un habitat relativement aisé et précoce. Enfin, par l’illustration supplémentaire qu’il donne à l’importance des routes commerciales qui approvisionnent la Gaule romaine.
Les origines et les types d’amphores en présence permettent de préciser le rythme et l’arrivée de différents produits sur ce site avant leur réutilisation ultérieure comme matériaux de construction. Ces amphores ont été retrouvées dressées, retournées sur le sol et perforées. Le mobilier rassemble 1704 tessons et 91 individus minimum évalués sur la base de bords. Cette très grande quantité de matériel qui a pu être identifiée, enregistrée et relevée, offre la particularité d’avoir un grand nombre de récipients complets ou de fragments aux formes encore bien conservées.
Nous aborderons brièvement les méthodes utilisées qui seront un peu plus développées dans l’article. Nous regarderons également attentivement l’origine variée des productions et il apparait très rapidement que l’essentiel correspond à des importations. Celles-ci se répartissent différemment selon les aires géographiques mais laissent une très grande place aux productions hispaniques. Ces dernières se singularisant par rapport aux répartitions habituellement observées sur les sites en Gaule.
— Tony SILVINO, Cécile BATIGNE, Christine BONNET, Amaury GILLES : Le Val de Saône durant l’Antiquité tardive. De Lugdunum aux portes de la cité des Éduens
La multiplication des fouilles d’archéologie préventive dans le Val de Saône, entre Lyon et Villefranche-sur-Saône (Rhône), a permis de récolter de nombreux ensembles céramiques qui enrichissent considérablement nos connaissances sur le faciès de cette région durant la période de l’Antiquité tardive. Au total, c’est une dizaine de lots originaires, pour la plupart de contextes ruraux, qui ont été pris en compte pour cette synthèse. Leurs aspects quantitatifs et qualitatifs suffisent à connaître l’évolution de l’approvisionnement en céramiques de cette partie de la Gaule entre la fin du IIIe s. et le début du haut Moyen Âge. Les céramiques fines se partagent dans un premier temps entre les sigillées de Gaule centrale et surtout avec celles produites à Gueugnon. Elles sont complétées par la vaisselle métallescente dont les origines sont diverses. Plus tardivement, les sigillées luisantes d’origine alpine prennent leur essor pour dominer les différents marchés de secteur du Val de Saône. La dernière production de tradition antique d’origine gauloise, les DS.P., est attestée à la fin de la période concernée. Les céramiques communes sont largement dominées par les productions bourguignonnes avec la disparition rapide des céramiques à pâte calcaire. Quant au mobilier amphoriques, leur taux de fréquence reste assez réduit comme c’est le cas pour la plupart de sites ruraux. Toutefois, une grande partie des régions productrices sont attestées (Gaule du Sud, Afrique du Nord, Bétique, Lusitanie et Orient).
— David DJAOUI : Découverte d’un cratère en lien probable avec le culte de Sabazios : fouilles du dépotoir Arles-Rhône 3 (70-130 apr. J.-C.)
Lors de la fouille-relevage du chaland Arles-Rhône 3 en 2011, un cratère en céramique de 45°cm de haut pour un diamètre de 48,5 cm a été découvert au sein du dépotoir portuaire de l’antique Arelate. Il porte plusieurs éléments décoratifs dont certains sont associés à des inscriptions ante cocturam. Sur sa partie sommitale, on observe deux grappes de raisin, le fragment d’une troisième et, par symétrie, nous pouvons restituer une quatrième grappe. Au-dessus des deux grappes de raisin, conservées entières, on peut lire sur la lèvre extérieure du cratère les inscriptions aminea et cavara. Si aminea désigne bien le nom du cépage campanien, la mention cavara nous renseigne très probablement sur la transplantation de l’amineum sur le territoire des Cavares. Les différentes inscriptions peintes sur amphore gauloise témoignent en effet d’une transplantation quasi généralisée de ce plant en Narbonnaise, que ce soit à Béziers, Rodez, Marseille, Beaucaire et à Nîmes. À ces décors s’ajoutent la représentation d’une Vénus, dont le nom est également gravé dessous, celle d’un poisson et enfin la double représentation d’un personnage barbu coiffé de serpents, et dont l’identification semble désigner Sabazios. Mais pourquoi préciser les noms des cépages et de la déesse Vénus sous les éléments décorés et laisser « anonyme » les deux représentations anthropomorphes ? Peut-on y voir une façon « discrète » de pratiquer un culte non officiel ? Peut-on enfin rapprocher la présence de ce cratère dans le Rhône d’un acte de libation en lien avec la navigation ?
— Richard DELAGE, Karine PRÊTRE: À propos des céramiques en usage à Vannes (Morbihan) au cours de la seconde moitié du Ier siècle et du comblement singulier d’un puits. Le 13-15 rue des Quatre Frères Créac’h
Le site archéologique correspond à un quartier de commerçants et d’artisans de la partie nord-ouest de la ville romaine de Darioritum, Vannes. L’occupation de la seconde moitié du Ier s. a livré de riches ensembles de céramiques, caractéristiques de cette période. Le comblement du puits 1002 s’est révélé bien plus singulier, puisqu’il a livré une majorité de cruches et plus particulièrement près de 40 exemplaires d’une même forme.
Si le site archéologique ne fera l’objet que d’une brève notice de présentation, il apparait nécessaire de replacer au final l’assemblage du puits dans son contexte pour en tirer des hypothèses d’explications.
— Adrien MALIGNAS : Céramiques et histoire d’une famille de Pompéi
Le programme de fouille de la nécropole de la porte de Nocera à Pompéi a débuté il y 10 ans. L’étude complète de l’un des enclos, celui des Veranii, est achevée. Une douzaine de dépôts secondaires et deux aires de crémations livrent un mobilier typique des contextes funéraires romains : ustensiles de cuisine pour recueillir les cendres, gobelets, flacons à parfum et lampes à huile. La première partie permettra de décrire ces assemblages suivant les phases d’utilisation de l’enclos qui s’étalent globalement entre les années 30 av. et 60 apr. J.-C. La seconde partie sera consacrée à la méthodologie associée à cette opération et à ses premiers résultats. On mettra en évidence l’apport de la céramique dans la réponse à la problématique développée par ce programme : comment se construit la tradition funéraire des pompéiens ? Les objets sont étudiés dans le cadre d’une archéologie du geste, en analysant leur utilisation et en restituant leur biographie. Cette méthode nécessite un enregistrement très minutieux dès le terrain, et un remontage systématique des céramiques. Elles sont ensuite décrites précisément afin de restituer, à partir des traces laissées, les gestes pratiqués selon les séquences des rites funéraires. Ces informations permettent de distinguer des choix précis des utilisateurs qui ont par exemple brisé de manières différentes des flacons à parfum en fonction de leur taille, ou ont parfois choisi délibérément d’utiliser du mobilier d’époque.
— Sophie VAUTHIER, Cécile BEBIEN-DABEK : Brumath (Bas-Rhin), 3 rue du Collège, un quartier de la capitale de cité sous influence ?
La restructuration du collège de Brumath de 2018 à 2020 a permis d’aborder un secteur de la capitale de la cité des Triboques durant 3 campagnes de fouilles et d’observer le développement d’un quartier articulé autour d’une voie jusqu’ici inconnue. Malgré l’étendue de la zone abordée, la chronologie identifiée se révèle contrainte essentiellement aux Ier et IIe s. de notre ère, alors que les sites présentés jusqu’ici, et situés à proximité du centre présentaient une chronologie complète de l’occupation romaine de l’agglomération.
Nous démontrerons que Brumath participe pleinement à la romanisation des Germanies à l’époque tibérienne par le biais de l’influence militaire. Les répertoires de Haltern, des céramiques gallo-belge et les importations de sigillées italiques ou encore la présence d’un gobelet Aco confirment ce fait. Nous insisterons sur le fait que les mobiliers de cette période sont recueillis dans des ensembles clos (latrines et puits), alors qu’ils étaient en position de remblais de la phase 3 de la Place de l’Aigle, où Juliette Baudoux questionnait alors la localisation de l’habitat tibérien. Un focus sur une écuelle estampillée de la 8e Legio sera également présenté.
Nous avons choisi de présenter ici le faciès de ce quartier au Ier s. ap. J.-C., en cherchant à déterminer les facteurs exogènes et primitifs de la création de Brocomagus, capitale de cité à l’ombre du camp militaire d’Argentorate (Strasbourg). Nous présenterons les assemblages témoignant du développement de l’habitat jusqu’à l’époque tibérienne de ce site, et les assemblages proches de ceux des sites militaires retrouvés en contextes d’abandon de Gaule Belgique (Liberchies), d’Haltern et de Biesheim Oedenbourg, camp B ou de capitales de cité (Reims, Arras, Metz).
— Karine JARDEL : Un atelier céramique du Ier siècle découvert à Aregenua (Vieux, Calvados)
La fouille préventive menée au 4 chemin Haussé à Vieux, préalablement à la construction d’une maison d’habitation a révélé l’angle d’une insula située à une centaine de mètres du centre monumental de la capitale antique. Les premières installations artisanales qui prennent place en bordure du cardo et du decumanus peuvent être datées des deuxième et troisième quart du Ier siècle apr. J.-C. Elles concernent deux ateliers de métallurgie séparés par une série d’au moins quatre espaces distincts qui peuvent être rattachés à une officine de potier.
Les remaniements postérieurs ont perturbé une partie des aménagements, néanmoins plusieurs structures ont été mises au jour. Une fosse de préparation de l’argile, une fosse de stockage et une autre de pourrissage ont ainsi pu être caractérisées. Trois fosses de tournage sont installées le long du mur à l’angle d’une pièce. Aucun four n’est attesté mais une zone très fortement indurée sous l’effet du feu pourrait constituer les vestiges d’une structure de combustion.
Outre ces structures quelques artefacts issus des niveaux de destruction peuvent être rattachés à l’activité de potier (un tournassin, un polissoir, une crapaudine). Enfin, le niveau de destruction de cette officine est chargé de ratés de cuissons et de rebus de fours qui permettent d’appréhender la production (5573 NR recueillis). Il s’agit exclusivement de céramiques claires fines. Le répertoire se compose essentiellement de cruches emblématiques des sites viducasses et, en quantité plus modeste d’amphores, d’amphorettes et de pots.
— Victor VIQUESNEL-SCHLOSSER, Julie FLAHAUT, Denis MARÉCHAL : La typologie des céramiques de Montescourt-Lizerolles (Aisne) du Ier au IVe siècle
Entre 2018 et 2024, l’Inrap est intervenu dans la commune de Montescourt-Lizerolles (Aisne, Picardie). Les interventions archéologiques sur 1,33 ha ont permis de révéler un atelier de potiers en activité entre le milieu du Ier siècle et le début du IVe siècle. L’étude céramologique, actuellement très avancée, permet de proposer une synthèse typologique basée sur plus de 150 000 tessons issus des dépotoirs de cette zone artisanale (plus de 1500 dessins, dont environ 200 profils complets). Elle complète plus précisément la typologie régionale proposée en 2001 par Stéphane Dubois et Véronique Bourson dans la Sfécag de de Lille-Bavay. Il est désormais possible de distinguer les formes et les groupes techniques de Montescourt-Lizerolles des autres céramiques communes produites dans les ateliers de Vermand, Saint-Quentin et de Noyon.
— Estelle HUMBERT : L’atelier de potiers de La Sarra à Lyon (Rhône) : céramiques communes et creusets de cémentation
En 2021, des fouilles préventives menées par le Service archéologique de la Ville de Lyon (Resp. d’opération : E. Hofmann) sur le plateau de La Sarra à Lyon (5e arr.) ont mis au jour les restes d’un atelier de potiers qui aurait fonctionné à l’époque augusto-tibérienne. Celui-ci complète le panorama de l’activité potière attestée sur la colline de Fourvière par trois autres centres de production s’échelonnant entre 30 av. J.-C. et la fin du Ier s. apr. J.-C. (Loyasse, Trion, Saint-Irénée). Une partie de l’atelier de La Sarra avait déjà été exhumée par J. Lasfargues en 1969 lors de travaux qui ont touché deux fours et une couche riche en céramiques, faisant l’objet d’une publication succincte (C. Laroche, 1997). Les fouilles récentes ont livré trois nouveaux fours prenant la forme de fosses rubéfiées directement creusées dans le loess et lutées. Des vestiges d’alandiers et de supports de sole ont été observés mais les structures des états postérieurs ont particulièrement impacté la zone. Néanmoins, les rebuts de l’atelier ont servi de comblement aux fours lors de leur abandon et constituent tout de même un mobilier céramique deux fois plus abondant que celui étudié en 1997. La production comprend principalement des céramiques communes cuites selon le mode B mais aussi de grands récipients tronconiques identifiés comme des creusets de cémentation. La communication consisterait à présenter les formes phares et le répertoire typologique des communes tout en évaluant leur insertion dans les ensembles de consommation lyonnais. Le lot de creusets mérite également d’être caractérisé et mis en parallèle avec les quelques exemplaires découverts à Lyon, portant notamment des stigmates de leur utilisation (Picon et al. 1995). La découverte de moules en pierre à proximité du site, impliquant la présence d’un artisanat métallurgique, peut sans doute expliquer une production de creusets à La Sarra.
— Marc-Antoine THIERRY, Delphine CHAMPEAUX, Hervé DELHOOFS : Chantenay-Saint-Imbert (Nièvre) : nouvelles données sur un atelier de potiers du Haut-Empire. Présentation des structures artisanales et de la production
Les fouilles préventives menées en 2021 sur la commune de Chantenay-Saint-Imbert (Nièvre, France) ont permis d’appréhender un quartier artisanal et un vaste édifice cultuel implantés en périphérie sud-ouest de l’agglomération antique. Ce quartier est investi dès les premières décennies du Ier siècle ap. J.-C. par un atelier de potiers, matérialisé par la présence de deux fours et d’une fosse de tournage. L’étude du mobilier céramique met en exergue un hiatus de près d’un siècle dans l’occupation du site et soulève l’hypothèse d’un déplacement de la production en dehors de l’emprise de fouille, voire dans un autre quartier. En outre, les recherches archéologiques menées entre la fin du XIXe et le XXe siècle ont révélé l’existence d’autres unités de production dans le coeur de l’agglomération : fours, fosses de stockage ou de pourrissage de l’argile, aire de séchage et dépotoirs datés de la période antique. Après ce hiatus, l’atelier connaît une seconde phase de production entre le milieu du IIe et le IIIe siècle apr. J.-C. Elle renvoie à la découverte de quatre fours, répartis en deux pôles au sein de l’emprise de fouille. Au terme de l’activité de l’atelier, un dépôt de plusieurs vases miniatures ou déformés est réalisé au sein de l’alandier de l’un des fours. Notre contribution sera l’occasion de présenter l’évolution des structures et des outils de production durant le Haut-Empire, la nature du combustible employé, ainsi que les catégories céramiques et les répertoires associés à un atelier situé aux confins du territoire éduen.
POSTERS
— Antony CARBONE, Estelle HUMBERT, Tony SILVINO, Comme un coq en pâte (calcaire) : au sujet de deux objets aviformes découverts à Annecy (Haute-Savoie)
En 2021, des fouilles préventives ont été menées par T. Silvino (Éveha) au cœur de l’agglomération antique d’Annecy/Boutae (Haute-Savoie). Le quartier d’habitat révélé, monumentalisé au IIe s., est remplacé par des activités artisanales au siècle suivant. De ces vestiges ont été mis au jour deux objets plastiques aviformes en terre cuite, l’un figurant une tourterelle, l’autre un coq. Ces niveaux fin IIe-début IIIe s. comportent par ailleurs des vases à décors peints produits localement et mettant en scène ces mêmes espèces. De dimensions comparables, les deux objets sont modelés, et non moulés, dans une même pâte calcaire présentant des traces d’engobe. Ils reposent sur un socle étroit, sont surmontés d’un goulot sur leur dos et présentent un bec perforé. Aucun élément de préhension n’a été observé. La fonction de ces « vases » plastiques pose question : s’agit-il de figurines, de lampes à huile, de balsamaires, de biberons, de sifflets ou d’appeaux ? Plusieurs propositions paraissent effectivement convaincantes, ce qui tend à laisser l’identification de ces objets ouverte.
— Audrey PILON, Des poubelles et des hommes : les rejets domestiques et cultuels de céramiques dans des puits localisés dans la partie centre-est de l’agglomération antique de Châteaubleau (Seine-et-Marne)
La céramique couvre tous les domaines de la pratique humaine puisqu’elle s’intègre aussi bien dans aux systèmes économiques, artisanaux, commerciaux, domestiques que cultuels et funéraires. Elle donne lieu aussi à une autre pratique que nos sociétés contemporaines connaissent fort bien : la gestion des déchets. Pour l’appréhender, il est primordial de sélectionner des ensembles bien définis où l’on peut observer des actions individuelles ou collectives, la formation de dépotoirs, des gestes.
Les assemblages, datés entre le milieu du IIe siècle et le début du IVe siècle apr. J.-C., sont issus de puits fouillés dans l’agglomération antique de Châteaubleau (Seine-et-Marne), située en territoire sénon. Les structures choisies sont principalement implantées autour du sanctuaire centre-est, et plus précisément entre sa double galerie de péribole et deux fossés, l’un au nord et l’autre au sud. Deux puits sont par ailleurs localisés en périphérie du quartier nord-est.
Dans ce poster, il est également question de présenter une méthode spécifique pour étudier la céramique sous cet angle particulier. Cette méthode, qui nous vient en partie d’André Leroi-Gourhan, consiste à faire une biographie de l’objet. L’étude céramologique, archéologique et anthropologique vise à retracer l’histoire de l’objet de sa création à son rejet. Dans quel contexte la céramique a-t-elle servi d’après les traces qu’elle porte? Pourquoi a-t-elle été rejetée ? Devient-elle un déchet après son utilisation lors de pratiques cultuelles ?
— Julie KAUFMANN, Mobilier céramique du premier tiers du Ier s. provenant d’un contexte d’Aregenua (Vieux, Calvados)
Les lots céramiques présentés ont été mis au jour dans les niveaux sous-jacents à ceux de la construction des thermes du Ier s. de n. è. précédant le forum d’Aregenua (Vieux, Calvados). Si l’on prend les capitales voisines (Bayeux, Lisieux), seul Vieux a livré des niveaux augusto-tibérien permettant de caractériser le faciès régional de cette période. Deux de ces ensembles, issus de la fouille programmée 2015 du forum, ont été traité dans le cadre d’un mémoire de Master 1 à l’Université de Caen Normandie (2023-2024). A l’issue de l’étude, une datation du premier tiers du Ier s. de n. è. a pu être émise. La composition de l’ensemble se caractérise par des productions régionales, des importations de Gaule et du monde méditerranéen illustrant le dynamisme d’Aregenua dans les années de mise en place de la ville. A la vue du taux de fragmentation élevé du corpus ainsi que des potentiels déchets d’Atelier, il s’agirait d’un niveau dépotoir reflétant à la fois la production et la consommation viducasse.
— Pierre MATHELART, Philippe ROLLET, Un dispositif de cuisson atypique découvert à Durocortorum/Reims
Le site de la rue de l’Équerre a déjà fait l’objet de plusieurs communications à la Sfecag : sur la découverte d’une boutique de récipients céramiques (Delor-Ahü et alii 2005), sur la production potière (Deru, Rollet, Fronteau 2013) et, dernièrement, sur la chronologie et l’évolution du site et de son mobilier céramique (Mathelart, Rollet 2019). Cependant, la reprise des données pour ce dernier article, a conduit à mieux identifier un élément en terre cuite, découvert dans le comblement d’une cave effectué vers le milieu du Ier s. apr. J-C., dont la forme et la fonction exacte nous échappaient. Le remontage et la restauration de l’objet ont conduit à identifier celui-ci comme un four mobile en terre cuite. Celui-ci se présente sous forme d’une coupole, qui correspond à un module de dolium régional coupé sur sa longueur et apposé sur une large plaque d’argile. Ce dispositif est doté d’une large ouverture, mais également d’un évent sommital. Celui-ci se rapproche ainsi des fours à pizza actuels. Des traces permettent d’accréditer la présence de braises à l’intérieur. Or, une récente synthèse a montrée que ce dispositif était à ce jour inconnu dans la partie occidentale de l’Empire (Monteix 2021). L’occasion offerte par le congrès international de la Sfécag permettrait la diffusion auprès de la communauté scientifique de ce dispositif de cuisson inédit.
— Allard MEES, F. THIERY, M. DANAU, Victor BRAECKMANLAAN, Marketing différentiel de la céramique sigillée décorée ? Analyses de diffusion basées sur la modélisation sémantique des (partielles) correspondances géométriques entre motifs ou des attributions stylistiques
marketing différentiels au sein de l’économie romaine. La base de données Samian Research, comprenant plus de 250’000 vases estampillés, est un outil parfait pour le prouver. Cependant, l’étude de la diffusion de la terre sigillée décorée est loin derrière, car la plupart des décorations n’étaient pas signées et donc la plupart des attributions sont traditionnellement basées sur des critères stylistiques vagues. Par conséquent, l’affiche démontre une modélisation sémantique des attributions de style de la terre sigillée décorée, de sorte que les attributions aux noms de potiers décorés peuvent également devenir une base pour des cartes de distribution. Cela peut être démontré dans un cas d’utilisation de la terre sigillée décorée gauloise trouvée en Belgique et de pièces produites dans le même moule dans d’autres régions européennes.
— Florian SARRESTE, Étienne JAFFROT, Marc-Antoine THIERRY, Chloé GENIES, L’atelier de potiers et de tuiliers oriental de la villa de Roullée / La Selle à Mont-Saint-Jean (Sarthe)
Les prospections géophysiques extensives menées sur l’emprise de la villa située entre les lieux-dits Roullée et La Selle, dans la commune de Mont-Saint-Jean (Sarthe), ont mis en évidence un ensemble d’anomalies magnétiques et de réflecteurs géoradar. Une partie de ces signaux a justifié la réalisation de sondages en 2021 et 2024. Ces opérations ont permis de dégager un atelier de production céramique comptant deux fours de tuiliers, dont l’un protégé par une halle-galerie sur poteaux plantés, ainsi que deux fours de potiers dans un état de conservation rarement observé en milieu rural (sole en place et chambre de chauffe non colmatée). Les éléments recueillis attestent d’une activité étalée sur plusieurs décennies, entre le dernier quart du Ier et la fin du IIe siècle apr. J.-C. La mise au jour de cette unité de production durable et structurée à moins de 30 m de la cour agricole et à 150 m de la résidence de la villa constitue une découverte exceptionnelle à plus d’un titre. En effet, il s’agit du premier atelier de ce type fouillé en Pays de la Loire depuis près de 20 ans et l’unique exemple régional associé de façon évidente à un établissement rural. En outre, les structures mises au jour constituent les seuls exemplaires connus dans un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres. Le poster proposé présentera les acquis à l’issue de la fouille 2024 et en particulier le plan des structures et une première synthèse sur les productions. Les résultats de la dernière campagne planifiée sur secteur, prévue pour l’été 2025, seront évoqués dans la contribution remise pour les actes du congrès.
— Pierre MARTY, Terra nigra atypiques et importations : un petit ensemble funéraire à Saverdun « La Barthale – La Borde Grande » (Ariège)
Le diagnostic et la fouille d’une gravière à Saverdun (09) sur le site de « La Barthale – La Borde Grande » en 2016 et 2018, ont permis la découverte d’un petit ensemble funéraire du Haut-Empire, comportant au moins quatre incinérations et 3 dépôts. Le mobilier associé comprend des formes inédites de terra nigra régionale, dont un exceptionnel petit vase à décor moulé. Des importations régionales (sigillée, paroi fine), de Gaule centrale (plombifère et figurine) et italique (lampe signée Fortis) complètent les différents dépôts. Par ailleurs du verre et de l’instrumentum sont également présents (quelques mentions pourront être faites mais sans étude de ces restes).
Ce petit ensemble du Ier siècle vient compléter des découvertes précédentes et permet d’esquisser les spécificités des dépôts funéraires céramiques dans ce secteur géographique, révélant des différences avec ce qui s’observe dans le Toulousain (Marty et al., Sfécag 2016).
— Sébastien FACCHINETTI, Sandrine LINGER-RIQUIER, Le four de potiers augustéen de Charenton-du-Cher (Cher) et sa production
Un diagnostic, réalisé en 2022 à Charenton-du-Cher (Cher), en Champagne berrichonne, a conduit à la découverte d’un four de potiers à pilier central. Malgré son arasement, le comblement de la fosse de travail a livré de nombreux ratés de cuisson qui illustrent sa production (NMI : 42) d’époque augustéenne. Il s’agit de céramiques grises (bols M.52, bouteilles à décor lissé, balustres Orl.207, assiettes Lamb.5/7, patères Lamb. 6/36, jattes à collerette), associés à quelques éléments exogènes (amphore italique, bols en terra nigra ou en pâte claire originaires de Gaule centrale).
Ce four se trouve à 450 m d’une tombe privilégiée sub-contemporaine (toujours en cours d’étude), qui a livré 2 Pascual 1 et 47 céramiques parmi lesquelles 22 sont à pâte grise (coupe Lamb. 19, coupelle Lamb. 2, coupes carénées ou arrondies M.59 et 60, gobelets ansés ou non) et 5 pots à pâte grossière (dérivés du type Besançon), qui viennent opportunément compléter notre connaissance du répertoire local.