1. LA CÉRAMIQUE DE L’ANTIQUITÉ TARDIVE DANS LE NORD DE LA GAULE (IIIe-IVe/VIe SIÈCLES)
— James DODD, Sonja WILLEMS : Crise, quelle crise ? Aborder la question des changements du IIIe siècle par les études céramologiques
La période du milieu et du fin du IIIe s., qui couvre des évènements historiques et évolutions importantes est encore fort problématique pour certaines régions de la Gaule du Nord. Des problèmes chronologiques et typologiques, une mauvaise connaissance des travaux transfrontaliers et le fait d’automatiquement lier des évènements historiques créant des ruptures qui ne le sont pas en réalité, ne facilitent pas la compréhension et la reconnaissance des sites après 250 de notre ère. La persistance des céramiques sigillées résiduelles et la sous-évaluation des céramiques communes compliquent l’étude. Cette communication vise à faire une petite introduction à la journée thématique, proposant des quelques solutions pour une meilleure étude des marqueurs typiques : des chronologies régionalement comparables bâties sur des sites-clés où la période 250-320 a été mise en évidence par d’autres moyens de datation ; partir de cette réaction de facilité de dater sur la seule évidence des céramiques sigillées et la typologie de Niederbieber, et une harmonisation de l’approche.
— Marleen MARTENS, Tom DEBRUYNE : A ‘regionally oriented community’ at Tienen : Analysis of the mithraeum pottery in the context of settlement and cemetery assemblages from the 3rd century
During the middle years of the 3rd century, the changes in the Roman world’s institutions, society and economic life were profound, caused by the weakening of the Germanic limes and the subsequent raids from people from the other side of the Rhine. It is assumed that, rather than import manufactured goods, the civitas capital, the vici and the villas of the civitas began to locally manufacture as many goods as possible, thus beginning a largely self-sufficient economy.
The ceramic assemblage of the ritual deposit of the mithraeum of Tienen dating around the middle of the 3rd century is very informative on the vitality and viability of this local pottery production. The ability of the local potters to produce highly original products like the snake vessel and the lead glazed crater are only some examples. Looking at the ceramic assemblage from the settlement and the cemetery some general trends can be outlined: differences noted are the decrease of the number of types, the increase of oxidized and reduced wares eliminating smoked wares, and less experimenting and thus less variety. A much lower proportion of imported vessels are present in the assemblage, compared to the previous period, except in ritual contexts. The only imports are from the Rhine area, Trier and Tongeren. Other production centres did not reach the market at Tienen or ceased production. Samian ware was available with a limited number of forms. Regionality is shown by more variated imports from local Tongeren cooking ware, jugs, plates and beakers. The local pottery workshops of Tienen, on the other hand, produced some new types, more specifically imitations of glass forms, indicative the scarcity of glass table ware in this period. The villas around Tienen show the same pattern: decrease of imported wares, increase of local table wares of a high standard, filling in the gap left by the loss of imported fine wares. All these trends seem to indicate a return to the traditional forms of material culture that were reminders of the past.
— Alain VANDERHOEVEN, Paul VAN OSSEL : Approche comparée de la chronologie de la ville de Tongres durant l’Antiquité tardive. L’apport des monnaies et des céramiques sigillées d’Argonne décorées à la molette
L’évolution et la destinée de Tongres durant l’Antiquité tardive font depuis plusieurs années l’objet de nombreuses recherches qui renouvellent considérablement les connaissances sur cette ville, chef-lieu de la Civitas Tungrorum. Malgré les progrès réalisés, certaines données éclairant la chronologie générale du site à cette époque n’ont sans doute pas encore été suffisamment mises en lumière. C’est le cas des monnaies et des céramiques sigillées d’Argonne décorées à la molette. L’objet de cette communication est de recourir à ces deux types de sources archéologiques, abondantes et immédiatement disponibles, et de confronter leur distribution spatiale et chronologique. Près de 800 vases ou tessons de céramique sigillée d’Argonne décorés à la molette sont actuellement connus à Tongres, provenant des fouilles réalisées depuis le XIXe siècle à l’occasion de travaux d’infrastructure urbaine ou de découvertes plus fortuites. De leur côté, un grand nombre de monnaies sont issues des nombreuses opérations récentes et ont déjà fait l’objet d’études détaillées, mais leur répartition sur le territoire urbain n’a pas encore fait l’objet d’une cartographie par phase. Dans cette approche, les décors à la molette et les monnaies sont regroupés en six tranches chronologiques couvrant les IVe et Ve siècles puis projetées sur des cartes de distribution. L’intérêt de la confrontation spatiale de ces deux types de mobiliers archéologiques réside dans l’éclairage différent de la chronologie qu’ils apportent. Les monnaies sont certes plus précises au IVe siècle, mais l’arrêt progressif de la frappe monétaire après 408 restreint considérablement leur apport à partir du début du Ve siècle. En revanche, ce siècle est mieux éclairé par les molettes dont les volumes relatifs permettent d’éclairer la question du déclin de la ville.
— Frédéric HANUT, Heike FOCK, Paul VAN OSSEL , Claire GOFFIOUL : La consommation céramique de l’établissement rural germanique de Baelen-Nereth (province de Liège)
Le site antique de Baelen « Nereth » a été découvert en 2003 lors des fouilles de l’Agence wallonne du Patrimoine sur le tracé de la ligne du train à grande vitesse entre Bruxelles et Cologne. L’extension de la zone d’activités économiques East Belgium Park a permis son exploration complète au cours de plusieurs campagnes d’archéologie préventive de l’Agence wallonne du Patrimoine (Direction opérationnelle de la Zone Est) entre 2013 et 2021. Une première période d’occupation du Haut-Empire (IIe – IIIe siècle) est caractérisée par l’implantation d’un atelier de réduction du minerai de fer, avec les différentes structures (bas fourneaux, aires de travail, etc.) de la chaîne opératoire de production primaire. La zone semble désertée durant le IIIe siècle et un établissement rural est fondé vers le milieu du IVe siècle, avec un développement en longueur, en bordure d’un chemin préexistant orienté nord-est/sud-ouest. Cette deuxième occupation voit la construction de plusieurs grandes habitations sur poteaux dites « maisons-étables », de greniers, de bâtiments annexes, de fonds de cabane et de diverses structures liées à des activités artisanales. L’étude du mobilier archéologique révèle l’installation d’une communauté germanique originaire de Hesse ou de Westphalie, sur la rive droite du Rhin. La présence de pièces d’armement, d’éléments de harnachement et d’une boucle de ceinturon militaire pourraient être l’indice d’une intégration de cette population au sein de l’appareil militaire romain. L’étude chronologique du mobilier associé à l’établissement germanique témoigne d’une belle homogénéité, avec des structures datées pour l’essentiel dans la seconde moitié du IVe siècle. Une continuité d’occupation jusqu’au début du 5e siècle est possible même si ce matériel plus tardif est beaucoup moins abondant. Cet établissement rural est surtout remarquable pour sa collection de poteries non tournées de tradition germanique. Ces dernières sont surtout illustrées par des céramiques à feu. Ces vases montés à la main ont été fabriqués en dehors de l’Empire ; ils ont voyagé avec ces populations venues s’installer en Germanie seconde. Le reste du mobilier se compose de céramiques romaines dont les principales catégories sont la terre sigillée tardive d’Argonne, la terra nigra tardive et la céramique granuleuse de l’Eifel. Les gobelets CHENET 342 constituent l’essentiel des vases de la terra nigra tardive. La céramique granuleuse de l’Eifel rassemble un peu plus de la moitié du mobilier. Elle se partagent de manière quasi équivalente entre les productions des ateliers de Speicher et celles des ateliers de Mayen. Les trois formes principales sont, par ordre d’importance, les pots à cuire Alzei 27, les jattes Alzei 28 et les plats Alzei 34. On rencontre d’autres types en nombre plus réduit comme les pots Alzei 33 ou les pichets Alzei 30.
— Lutz GRUNWALD, Ferdinand HEIMERL : Old finds in a new light – The chronology of the Imperial Baths pottery in Trier and the long 5th century
The publication on the pottery from the Trier Imperial Baths (Hussong/Cüppers 1972) has been one of the most important reference works on late Roman pottery in the north-west provinces for over 50 years. New studies on red-brown engobed ware and African Red Slip Ware have shown, however, that the chronology of the Imperial Baths pottery is in need of revision (Heimerl 2021). A new chronological scheme has been developed for the late antique and early medieval coarse ware from Mayen (Grunwald 2023). Combining these two approaches, this paper will demonstrate how a new chronological scheme can be applied to the Imperial Baths assemblage. This has major implications for the chronology of Late Roman and early medieval pottery research in Eastern Gaul.
— Lars BLÖCK, Ferdinand HEIMERL : Late Roman and early medieval ceramics from dark earth layers : a case study from Bitburg (Rhineland-Palatinate)
Rescue excavations were carried out next to Our Lady’s Church within the Late Roman fortification of Bitburg in 2021 and 2022. Above stone buildings from the High Empire a dark earth horizon was documented. For the first time, geoarchaeological methods were applied to the Bitburg dark earth feature, in order to better understand its formation process. C14 dating of charcoal from the dark earth points to the 5th and 6th centuries AD. This paper presents the pottery assemblage (Argonne sigillata, red-brown slipped ware, coarse ware) from the dark earth horizon. The finds will then be contextualised with the already known spectrum from Bitburg (Heimerl 2021, 77-80; 127-129) and other important Late Roman reference sites, such as Alzey, Boppard, Trier Imperial Baths, Trier Barbara Baths, Metz ZAC, Metz Amphitheatre, Mayen, Vienna etc. We will focus on problems of typology and chronology of 5th century pottery in eastern Gaul.
— Raymond BRULET, Sofie VANHOUTTE : La céramique de l’Eifel du quartier sud-ouest du fort romain tardif d’Oudenburg
Les recherches archéologiques menées dans l’angle sud-ouest du fort romain d’Oudenburg (Belgique) au début de ce siècle ont révélé un ensemble intéressant de céramiques de l’Eifel, comprenant des productions provenant des groupes d’ateliers d’Urmitz-Weissenthurm, de Speicher et de Mayen. L’étude détaillée d’environ 1800 tessons apporte non seulement des éclairages sur la chronologie du site et sur la formation des couches de terres noires après l’abandon du fort, mais constitue également un complément intéressant à notre compréhension de la diffusion de ces productions de l’Eifel.
— Vince VAN TIENEN : Germanic handmade pottery as a key-indicator for mobility and societal changes in the late Roman period
La poterie germanique a traditionnellement été utilisée comme preuve de : (1) les migrations germaniques pendant la période romaine tardive ; (2) la colonisation germanique de la Gaule du Nord ; et (3) la participation des Germains à l’armée romaine.
Ces interprétations reposent largement sur des modèles dérivés de sources historiques, souvent de nature politique, qui ne reflètent pas adéquatement les réalités quotidiennes de la Gaule du Nord à la fin de l’Antiquité. Pourquoi, alors, continuons-nous à interpréter ce matériau archéologique clé principalement sous un prisme historique ?
Cet article présente une synthèse des recherches de la dernière décennie sur la poterie non-tournée germanique en Gaule du Nord, en mettant en évidence les résultats des études de composition de céramiques et des contextes archéologiques. Il vise à offrir une perspective archéologique sur deux questions clés : (1) la valeur interprétative des céramiques non-tournée romaine tardives, et (2) les implications de ces céramiques pour comprendre la mobilité germanique et les transformations sociétales en Gaule du Nord.
Germanic pottery has traditionally been used as evidence for: (1) Germanic migrations during the late Roman period; (2) Germanic colonization of Northern Gaul; and (3) Germanic participation in the Roman military.
These interpretations largely rely on models derived from historical sources, often political in nature, that fail to adequately reflect the everyday realities of Northern Gaul in Late Antiquity. Why, then, do we continue to interpret this key archaeological material predominantly through a historical lens?
This paper presents a synthesis of the past decade’s research on Germanic handmade pottery in Northern Gaul, highlighting findings from ceramic compositional studies and archaeological contexts. It aims to offer an archaeological perspective on two key questions: (1) the interpretive value of late Roman handmade ceramics, and (2) the implications of these ceramics for understanding Germanic mobility and societal transformations in Northern Gaul.
— Patrick MONSIEUR : Mediterranean Amphorae in Northern Gaul and Lower Germania in the 3rd and 4th centuries AD. A status quaestionis
During the 1st and the 2nd centuries AD the settlements and fortresses of Northern Gaul and Lower Germania saw a massive and varied import of Mediterranean food-stuffs and liquids in amphorae. This contrasts with a notable decline in the 3rd century AD. Dressel 20 olive-oil amphorae were then still dominant but the regression is clearly visible in a more limited variety of workshops exemplified by the stamps on the handles. Otherwise new forms were occurring such as different types of North African amphorae for fish and oil products or the Aegean wine amphorae of the Kapitän II type. It seems that most of the imports are concentrated in military sites, important civil (and religious) centres and large villa domains such as Oudenburg, Liberchies, Tournai, Trier or Anthée. Around the middle of the century there is a serious rupture with the imports caused by civil war in the empire and incursions of Germanic tribes. At that time not only Dressel 20 and wine amphorae of the Gauloise 4 type disappeared but Mediterranean imports in general tended to become rare. Nonetheless, apart from that it looks as if a certain economic vitality in the northern provinces still remained, which maybe explains the rising of the regional production of the Gauloise 13 amphora imitating the Baetican Dressel 20. At the end of the 3rd and up to the middle of the 4th centuries Dressel 23, a fractional type of Dressel 20, for olives and olive-oil, fish-sauce amphorae of the Almagro 51c type or Sicilian Keay 52 for wine were imported in small quantities. Finally some rare Gaza wine amphorae or a small Keay 19c vessel for fish sauce can be considered as a mere exotic presence.
— Denis HENROTAY, Sylvain FETTER, Marie HORVILLER : Découverte d’un atelier de production de céramique commune en pâte à dégraissant coquillier à Virton/Saint-Mard
Durant l’été 2024, cinq fours de potiers ont été mis au jour dans l’ancienne agglomération antique. Les parois construites en pierres et en briques étaient enduites de couches d’argile de protection régulièrement renouvelées. Deux des fours étaient extrêmement bien conservés. De grandes dalles peignées devaient obturer le sommet des laboratoires. Ces éléments sont des matériaux de réemploi provenant d’un hypocauste. Les fours présentent une autre particularité dans leur mode de construction. Il s’agit de l’emploi de gobelets emboités les uns dans les autres permettant d’élaborer une superstructure plus légère que celle recourant aux moellons de pierres. Ces gobelets en céramique ont été produits uniquement comme terre cuite architecturale. La production de l’atelier est caractéristique de la seconde moitié du IIIe siècle. Il s’agit essentiellement de vaisselle culinaire tournée en céramique commune en pâte à dégraissant coquillier. Jusqu’à présent, aucun site de production de ce type de céramique n’avait été mis au jour en Belgique, bien que celle-ci soit abondante dans les sites de consommation trévires tant en milieu urbain que rural.
L’activité potière était accompagnée de traces de pratiques rituelles. Un fragment d’autel dédié au dieu Mercure a été découvert dans le comblement de destruction d’un four de potier. La divinité est entourée d’un coq et d’un bélier. La découverte de cet objet de culte dans son contexte d’utilisation est exceptionnelle et d’autant plus intéressante. Les portes des deux fours les mieux conservés étaient scellées et badigeonnées d’une couche de torchis du côté du laboratoire. Il ne s’agit donc pas d’un simple abandon de la structure.
— Raymond BRULET, Erika WEINKAUF : La céramique commune de l’Antiquité tardive à Tournai
Vu sa promotion au rang de capitale de cité, l’importance de Tournai ne cesse de croître sous l’Antiquité tardive. Même si aucun atelier n’y a été réellement reconnu, le recours à la céramique locale et régionale est clairement attesté à la suite d’opérations archéologiques diverses.
En comparant le mobilier de la nécropole de la Rue Perdue, en partie inédit, qui bénéficie de datations précises relevant de la première partie de cette période et celui de contextes plus récents mis au jour dans les chantiers de la Place Saint-Pierre ou de la cathédrale, se dégagent les grandes lignes de l’évolution de cette céramique dans la ville, entre la fin du IIIe et le Ve siècle.
La synthèse préparée peut servir aussi d’éclairage au faciès céramique de la région sud ménapienne.
— Joep HENDRIKS : Late antique ceramic assemblages from rural settlements in the Dutch Meuse valley
The detailed study of late antique pottery from two rural settlements at Neer-Wijnaerden and Voerendaal Ten-Hove in the Dutch Meuse valley has led to a better understanding of the composition and chronology of similar assemblages from the 4th and 5th centuries. New insights from the ceramic studies of the production sites of Weissenthurm and Mayen, as well as the analysis of the production and distribution of late terra nigra foot bowls in northern Gaul and the adjacent Rhineland, have proved of great interest for the interpretation of the Dutch assemblages. The late Roman rural sites at both Neer and Voerendaal can be regarded as so-called Germanic settlements, which can be included in the list of rural settlements in the Meuse valley (and beyond) from the late 4th century onwards. Special attention will therefore be paid to the identification of the handmade pottery and cork ware found in these sites.
The study of the pottery from these individual sites makes it clear that a good understanding of the dynamics of late antique pottery, in terms of the chronology of production and distribution of the main categories, such as late terra nigra and coarse wares, is essential to improve our knowledge. For the present state of Dutch pottery research, this means that a lot of new information can be gained by re-examining old collections and including more and more integrated compositional analyses. For example, the revision of the chronology of the Mayen wares seems to be crucial in order to refine the dating of pottery assemblages and thus the pace of occupation.
— Line Pastor : Le mobilier céramique de la nécropole de Saint-Julien à Charleville-Mézières : reprise de la documentation pour une mise en contexte régional
Sous la direction de J.-P. Lémant, la fouille réalisée en 1973 par une équipe de bénévoles a permis de sauver des travaux routiers 33 inhumations romaines avec leur dotation funéraire. Cette découverte est publiée dans un article d’une vingtaine de pages (Lémant 1974, p. 1-20) où quelques-unes des tombes avec une partie du mobilier sont sommairement décrites et dessinées.
La présente communication est l’occasion de réaliser une étude plus détaillée du mobilier céramique (dessins, photographies, comptage, identification) et d’en proposer une analyse avec une mise en contexte locale – notamment la relation avec le cimetière mérovingien de Manchester situé à peu de distance – et régionale avec plusieurs sites funéraires carolomacériens ou implantés dans les boucles de la Meuse durant l’Antiquité tardive.
Cette reprise de la documentation vise à préciser la chronologie, caractériser les réseaux d’échanges commerciaux durant l’Antiquité tardive autour de Charleville-Mézières et aussi révéler au plus grand nombre des collections riches mais quelque peu oubliées des Ardennes.
POSTERS
— Frédéric HANUT, Elise DELAUNOIS, Nathalie Mees, Éric GOEMAERE, Découverte d’une production céramique du IIIe siècle dans l’agglomération antique de Taviers (province de Namur)
Taviers est une agglomération secondaire de la voie Bavay-Tongres-Cologne, au centre de la cité des Tongres. Fondée au cours de la première moitié du Ier siècle apr. J.-C., elle est en grande partie abandonnée à la fin du IIIe siècle. Entre 2019 et 2022, l’Agence wallonne du Patrimoine (direction opérationnelle de la Zone Centre) a mené deux opérations d’archéologie préventive qui ont révélé plusieurs centaines de structures au sein de l’agglomération du Haut-Empire. En 2021-2022, un four de potier (F30) et sa grande fosse de travail oblongue (F28) ont été mis au jour à la périphérie orientale de l’emprise des fouilles. Le four, creusé dans le sous-sol limoneux, correspond au modèle le plus répandu dans les ateliers tongres du Haut-Empire : four à tirage vertical et deux volumes séparés par une sole perforée reposant sur un muret central construit à l’aide de tuiles. Ce four, dans un état de conservation remarquable, a subi des réfections et une utilisation prolongée. La production de l’atelier a été retrouvée dans le four et dans la fosse de travail. Elle représente un ensemble de 1036 tessons pour un NMI de 78 vases et un poids total d’un peu plus de 18 kg. Une analyse archéométrique de la production est en cours (pétrographie en lames-minces et analyses EDS). Toutes les poteries ont été cuites en atmosphère oxydante. Il s’agit de vaisselle de table (céramique fine fumée) et de poteries culinaires. La céramique fine fumée est représentée par des assiettes à paroi convexe et lèvre rentrante et des gobelets ou pots à col tronconique ou col court vertical, dont la panse est décorée de registres horizontaux de guillochis. La céramique de cuisson est dominée par les pots à cuire à panse globulaire, col court et lèvre évasée. L’atelier a également fabriqué des couvercles et des bouilloires. Cet artisanat est daté du IIIe siècle et est sans doute contemporain des dernières décennies d’occupation de l’agglomération du Haut-Empire. L’étude archéomagnétique (S. Ech-Chakrouni) confirme la datation archéologique obtenue au départ de la typologie de la production.
— Julie FLAHAUT, La céramique britannique du Bas-Empire dans les contextes funéraires de Boulogne-sur-Mer
Boulogne-sur-Mer / Bononia-Gesoriacum, port et capitale de la Civitatas Bononienses au Bas-Empire, est un des points de contact privilégiés avec la Britannia dans le nord-ouest de l’Empire romain. Cela se traduit par l’approvisionnement de certaines denrées et produits manufacturés ou bruts. La céramique est un matériau trouvé en abondance dans le mobilier d’accompagnement des sépultures mises au jour au XIXe siècle, au sein des principaux ensembles funéraires délimitant l’espace urbain de la cité de Bononia/Gesoriacum que sont le Vieil-Âtre et Bréquerecque. Le contexte de découverte et la détermination des récipients britanniques enregistrés dans les structures funéraires ont été davantage précisés à travers la thèse portant sur « Les ensembles funéraires de l’Antiquité tardive à Boulogne-sur-Mer » soutenue le 29 novembre 2024, et font suite aux travaux de recensement réalisés par M. Fulford (1977), R. P. Symonds (1999), S. Willems (2014) et M. Lyne (2022). Ce poster tâchera de proposer une comparaison du mobilier céramique associé aux structures funéraires boulonnaises, régionales et britanniques et de s’intéresser aux périodes chronologiques d’utilisation de ces céramiques dans ces contextes funéraires tardifs, en regard avec les données urbaines.
— Marion BRÜGGLER, V. VAN TIENEN, Handmade pottery of the 5th cent. in Weeze, northern Germania II
Au nord du Bas-Rhin inférieur, de nouveaux colons en provenance de la rive droite du Rhin s’installent à partir de la fin du IVe siècle. Ils trouvent dans l’arrière-pays du Limes des régions qui semblaient être abandonnées depuis la fin du IIIe siècle. Dans une habitation fouillée entre 2018 et 2020 à Weeze-Knappheide, comprenant deux maisons longues et plusieurs maisons de fosses, plusieurs foyers ont également été découverts, dont la fonction ne peut être que déduite par des indices. Il semble que de la poterie façonnée à la main ait été produite, bien que la présence concomitante de céramique importée façonnée au tour témoigne de son accessibilité. Les analyses en coupe mince des poteries façonnées à la main montrent que, outre le gravier de quartz habituel, de la scorie, du minerai de fer de tourbière et des écailles de marteau ont été utilisés comme tempérant, ce qui indique une activité de métallurgie. La découverte de fragments de verre de vases suggère que l’atelier de verre tardif de Goch-Asperden, situé à quelques kilomètres seulement de l’habitation et également sur les rives de la Niers, a été recherché pour ses matières premières. Ce poster présente les découvertes céramiques de l’habitation de Weeze-Knappheide.
In the northern Lower Rhineland, new settlers from the right bank of the Rhine began to settle in the late 4th century. They found areas in the hinterland of the Limes that had seemingly been abandoned since the late 3rd century. In a settlement excavated between 2018 and 2020 in Weeze-Knappheide, which included two longhouses and several pit houses, several furnaces were also found, the function of which can only be inferred through circumstantial evidence. It appears that handmade pottery was produced, although the concurrent presence of imported wheel-thrown pottery indicates its accessibility. Thin-section analysis of the handmade pottery shows that alongside the common quartz gravel, slag, bog iron ore, and hammer scale were used as tempering agents, suggesting metalworking. Finds of glass vessel fragments indicate that the late antique glass workshop in Goch-Asperden, located just a few kilometers from the settlement and also along the Niers River, was likely sought out for raw materials. This poster presents the ceramic finds from the settlement of Weeze-Knappheide.
— Roderick GEERTS, Throwing Traditions. Changes in pottery production in the Late Roman period in Germania Inferior
The Late Roman period is a period of change and instability in Germania Inferior. Declining population, a drop in settlements and smaller cities impacted the all crafts. This development is reflected in the potters craft. Crafts thrive best in stable regions with a large consumer basis, which makes specialised production economically viable. While the Flavian period saw a boom in pottery production and wheel thrown ceramics replacing local handmade ware completely in the decades thereafter. During the Late Roman period this development was reversed. Many workshops stopped operating before the end of the 3rd century and the potters craft disappears from many cities. Consequently there was a lower production output of wheel thrown ceramics which urged the population to foresee in their own vessels. Handmade pottery thus became commonplace again on many settlements. This poster explores this development in more detail and approaches the changes in pottery consumption from a crafts perspective.